L’épopée de Gilgamesh : une ressource archéologique

 

Epopée de Gilgamesh de nouvelles lignes manquantes découvertes dans un musée irakien

Cette fois-ci, je ne vais pas vous présenter la légende ou le mythe avec les sites archéologiques qui en découlent mais plutôt une légende rapportée par l’archéologie. En effet, c’est celle de l’Épopée de Gilgamesh. C’est la plus ancienne œuvre littéraire de l’histoire.

Cette épopée a eu un grand succès à son époque de création et jusqu’à l’Antiquité. Elle a retrouvé son succès lors de sa découverte. L’épopée a été d’abord transmise oralement puis l’épopée a été rédigée vers 2000 avant J.-C. sur des tablettes en argile. Le mythe est gravé en cunéiforme, qui est le premier système d’écriture inventé par l’homme. Il y a de nombreuses versions rédigées dans toute la Mésopotamie. Le mythe est composé de douze tablettes retrouvées par Hormuzd Rassam en 1870, pendant les fouilles de la bibliothèque du roi Assurbanipal à Ninive (668-627 avant J.-C.). Les tablettes sont aujourd’hui conservées au British Museum à Londres.

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Évolution au cours du temps du signe cunéiforme représentant un homme © BNF

Nous sommes dans un contexte archéologique où deux peuples se suivent successivement et ont vont donner un fort héritage culturel pour les sociétés suivantes en Orient. Ces peuples sont les Akkadiens au nord de la Mésopotamie et les Sumériens au Sud. La période sumérienne dure de 2900 à  2340 avant J.-C. et l’empire d’Akkad dure de 2340 à 2200 avant J.-C. A la suite du déclin de ces deux cultures, les rois vont se réclamer héritier de ces civilisations. On peut donc le remarquer dans une iconographie qui mélange le style sumérien et le style akkadien ou dans la politique,…

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Sceau-cylindre : génies ouvrant les portes pour introduire un orant en présence du dieu solaire Shamash sortant de sa montagne (vers 2300 av. J.-C.) © RMN / Franck Raux

 

L’épopée est centrée sur le personnage de Gilgamesh. C’est un roi légendaire de la cité d’Uruk. C’est peut-être un personnage historique mais nous n’avons aucune traces archéologiques et historiques. On sait, à travers les fouilles archéologiques d’Uruk, que cette ville et sa culture ont eu un impressionnant rayonnement dans toute la Mésopotamie pendant la période proto-urbaine, soit entre 5700 et 3700 avant J.-C., mais cette période ne correspond pas au mythe.

 

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Héros maîtrisant un lion, dit « Gilgamesh » (VIIIe siècle av. J.-C.) © RMN / René-Gabriel Ojéda

Gilgamesh est un jeune roi et est dur envers son peuple. Les habitants d’Uruk demande à la déesse Aruru, maîtresse de la cité, de les aider. Cette dernière va créer Enkidu, un homme à l’image d’Anu le dieu du ciel et de Ninurta le dieu de la guerre. Cet homme est sauvage, né dans la steppe et vivant avec les animaux. Gilgamesh, ayant eu écho d’un homme aussi fort que lui, envoie une courtisane à Enkidu pour s’offrir à lui. Ainsi, Enkidu devient civilisé par cette femme et se rend à Uruk pour affronter Gilgamesh. Les deux personnages s’affrontent mais l’issue de la bataille reste indécise. A la fin de ce combat, Gilgamesh et Enkidu deviennent amis. Voulant laisser son nom dans l’histoire, Gilgamesh part accomplir un exploit extraordinaire avec comme compagnon Enkidu. Cette exploit consiste à ramener les arbres sacrés situés sur la Montagne, une sorte de paradis gardé par Humbaba, un être monstrueux.  Ils reviennent triomphant et Gilgamesh attire l’attention de la déesse de l’amour et de la guerre, Ishtar. Le héros l’éconduit injurieusement et prise de rage elle envoie une créature de cauchemar, le Taureau Céleste. Mais Gilgamesh et Enkidu vainquent la bête et jettent un de ses membres sur la figure de la déesse. Les deux amis sont allés trop loin à l’encontre des dieux et le prix à payer est la mort d’Enkidu. Effondré de tristesse, Gilgamesh va partir à la recherche du secret de l’immortalité. Il apprend l’histoire du Déluge où a échappé le roi Utanapishtim. De cette personne, il réussi à obtenir la plante de jouvence. Mais au retour de sa quête, il se fait ravir la plante par un serpent. Après toutes les épreuves difficiles qu’il a passé, il revient en tant qu’homme sage sur le trône d’Uruk.

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Une tablette de l’Epopée de  Gilgamesh

Ainsi, l’épopée de Gilgamesh nous montre comment un pouvoir tyrannique finit par être remplacé par un pouvoir plus sage et serein, au terme d’une longue démarche initiatique. Le mythe se fait l’écho d’un idéal de mesure et rejette donc l’excès. Il fait plus exactement l’apologie de l’équilibre qui doit toujours exister, comme il existe au ciel, entre ces deux tendances, à la fois contradictoires et complémentaires, que sont la force et la sagesse. A cette époque, les Sumériens voit le monde sous forme de dualité. Et cet idéologie se retrouve dans le mythe de Gilgamesh avec par exemple la dualité homme civilisé (Gilgamesh)/homme barbare (Enkidu), dieux et hommes,…

« Où cours tu Gilgamesh ?

La vie que tu cherches, tu ne la trouveras pas,

Quand les dieux ont créé l’humanité,

C’est la mort qu’ils lui ont réservé,

La vie, ils l’ont retenu entre leurs mains,

Toi, Gilgamesh, que ton ventre soit repu,

Jour et nuit réjouis toi…

Contemple l’enfant qui te tient la main,

Qu’une épouse se réjouisse sur ton sein,

C’est cela l’affaire des hommes. »

Extrait d’une tablette de l’Epopée de Gilgamesh

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La tablette retrouvée

 

Le musée Sulaymaniyaha, en Irak, a mis au jour un nouvel extrait de l’Épopée en 2011. L’extrait concerne le cinquième chapitre, soit celle des prouesses de Gilgamesh et d’Enkidu dans la forêt des Cèdres et leur victoire sur Humbaba. Cette extrait nous donne plus de détail sur la motivation des personnages et sur l’environnement de l’épopée.


Saviez vous qu’entre ce mythe et la mythologie grecque, il y a de nombreuses ressemblances ? En effet, les Grecs ont sûrement emprunté quelques traits à ce mythe. Quelques exemples :

  • Charon et le Styx évoque le batelier qui amène Gilgamesh à l’immortel Utanapishtim.
  • Thésée terrassant le taureau de Crète comme Gilgamesh le Taureau céleste.
  • Le mythe d’œdipe où Héra, privée de Chrysippos, envoie le Sphinx sur Thèbes comme Ishtar qui envoie le Taureau céleste sur Uruk.
  • Les douze travaux d’Héraclès comme les douze tablettes de l’Epopée de Gilgamesh
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Évolution au cours du temps du signe cunéiforme représentant un homme © BNF

 


Sources :

 


Audrey

 

 

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